Deslettres qui passent la censure et dans lesquelles des Poilus racontent crĂ»ment leur guerre sont nombreuses. À titre d’exemples, les lettres de deux Rennais. Joseph AlestĂ© , sous-lieutenant au 41e R.I., a envoyĂ©, de l’Artois, de fĂ©vrier Ă  juin 1915, en moins de quatre mois, 1 tĂ©lĂ©gramme, 13 cartes et 26 lettres Ă  son Ă©pouse, soit en moyenne un courrier Lettred'un poilu Ă  sa femme : les conditions de vie dans les tranchĂ©es Ma chĂ©rie, Hadrien 18ans part Ă  la guerre le 21 aoĂ»t 1914. Je suis actuellement Ă  Verdun au front. Les conditions de vie sont exĂ©crables. Laisse-moi te raconter tout cela. Je suis en 1Ăšre ligne pour 24h, on va ĂȘtre tranquille. Jet’envoie le tablier de notre fille pour que, quand tu sentiras son tablier, ce parfum te feras chaud et tu n’auras pas froid, je l’espĂšre. Ne baisse jamais les bras, pense Ă  notre fille. Ne t’inquiĂšte pas, le jour ou tu vas pouvoir voir notre fille est trĂšs proche. Être loin de notre fille est difficile. ExempleĂ©crit pour les Ă©lĂšves: lettre d’un poilu Ă©crite pour les Ă©lĂšves. Disciplines concernĂ©es: Histoire, français. Voici la fiche des compĂ©tences travaillĂ©es : fiche compĂ©tences lettre de poilus. Cette tĂąche peut s’adapter pour d’autres Ă©poques ! Un grognard Ă©crit Ă  sa femme du front d’Austerlitz. Un soldat romain Ă©crit Ă  sa femme d’ AlĂ©sia etc. Comments (3) 3 Lexpression marraine de guerre dĂ©signe les femmes ou les jeunes filles qui entretiennent des correspondances avec des soldats au front durant la PremiĂšre Guerre mondiale afin de les soutenir moralement, psychologiquement voire affectivement.Il s'agissait souvent de soldats livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes, ayant par exemple perdu leur famille. La marraine de guerre C1qkeq. Le 30 mai 1917Léonie chérieJ'ai confié cette derniÚre lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de premiÚre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crùnes, l'odeur est manque l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons mÃÂȘme plus de sÚches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous ré partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tÎle d'acier lourd et incommode mais qui protÚge des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaÃt à tous comme une infùme et inutile 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accÚs boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespÚrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine derniÚre, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de dé nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée je vais ÃÂȘtre fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t' si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cÅ“ur. Je vous demande pardon mes anges de vous mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pÚre est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guÚre, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à ÃÂȘtre heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cÅ“ur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la ton mari qui t'aime tant Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă  Malakoff, prĂšs de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospĂšre. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de JaurĂšs et poĂšte Ă  ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frĂšres, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frĂšres, tuĂ©s le mĂȘme jour et au mĂȘme endroit. Maurice, son fils aĂźnĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler aprĂšs la mort de son pĂšre dans une entre­prise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans aprĂšs son pĂšre. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă  Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais tra­cer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă  maman, Ă  moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pour­rai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas main­tenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă  son pĂšre la mĂȘme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă  son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă  toi, Ă  Raymond, maman peut les rece­voir aussi, des petites fleurs de primevĂšres que les petits enfants garçons et filles du pays oĂč je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂȘme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă  leur malheur de n'ĂȘtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂȘme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ  deux, mĂȘme que je ne peux voir sans penser Ă  vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂȘtes tout de mĂȘme heureux par rap­port aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă  ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂč nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă  ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂȘme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă  faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă  tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă  prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă  dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă  se dĂ©chirer mutuelle­ment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă  crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre pĂšre qui du front de bataille vous embrasse avec effusion, Cet article date de plus de deux ans. PubliĂ© le 11/11/2019 1330 Mis Ă  jour le 11/11/2019 1712 DurĂ©e de la vidĂ©o 2 min. France 2 Article rĂ©digĂ© par À Redon, en Ille-et-Vilaine, un jeune homme a dĂ©couvert des lettres d'amour d'un poilu. Il a pu les rendre Ă  son petit-fils. Le trĂ©sor Ă©tait cachĂ© sous les combles de la cuisine. En rĂ©novant un appartement de Redon Ille-et-Vilaine, en Bretagne, Maxime Leroux dĂ©couvre une soixantaine de lettres jaunies par le temps. "Sur certaines lettres, on retrouve quasiment toute leur histoire ... on peut lire quasiment toutes les correspondances entre le soldat, Jean Chapron, et sa femme", explique le jeune homme. Le caporal de 27 ans mobilisĂ© deux ans plus tĂŽt Ă©crit Ă  sa femme AurĂ©lie Guennec et leur fille Yvette. Des lettres intimes, quotidiennes, oĂč le poilu raconte la guerre et l'amour qu'il leur porte. Il sera tuĂ© le 19 juillet 1918. Maxime Leroux se met Ă  la recherche des descendants du soldat. Son petit-fils Yves Goujon dĂ©couvre ces lettres pour la premiĂšre fois devant les camĂ©ras de France 2. Avec chaque fragment de lettre, le souvenir de ce grand-pĂšre qu'il n'a pas connu revient peu Ă  peu. "Il peignait, il dessinait, il Ă©crivait des poĂšmes", raconte Yves Goujon. Ces lettres rejoindront le millier d'autres, conservĂ©es par la famille. Pourquoi celles-ci Ă©taient cachĂ©es si secrĂštement ? Le mystĂšre demeure. Je vous propose ici mon troisiĂšme chantier d'Ă©criture! Pour en savoir un peu plus sur la dĂ©marche de chantiers d'Ă©criture, c'est dans mon article ICI! Le projet ici est d'Ă©crire une lettre. Mais n'importe quelle lettre! Une lettre de poilu / une lettre pour un poilu! Le principe est celui d'un jeu de rĂŽle, chaque Ă©lĂšve va se voir attribuer une nouvelle identitĂ© grĂące aux cartes d'identitĂ© celle d'un poilu, ou celle d'un proche de poilu frĂšre, mĂšre, femme.... Chaque devra donc Ă©crire une lettre comme s'il vivait la guerre des tranchĂ©es, ou Ă  l'inverse pour remonter le moral de son poilu de mari/frĂšre/fils. Les Ă©lĂšves entrent rapidement dans le projet et s'identifient facilement. Plusieurs outils leurs sont proposĂ©s les almanachs d'Ă©poque pour choisir une "vraie" date pour dater sa lettre, des cartes postales d'Ă©poque... L'immersion dans la PremiĂšre Guerre Mondiale est totale! Vous comprenez aisĂ©ment que cette sĂ©quence doit ĂȘtre menĂ©e suite Ă  une sĂ©quence d'histoire sur la PremiĂšre Guerre Mondiale. Par ici les docs! Les documents pour l'enseignant Les cartes d'identitĂ© de poilus ou de proches de poilus Les documents Ă  vidĂ©oprojeter exemples de vraies lettres de poilus Les grilles de rĂ©fĂ©rence Les almanachs d'Ă©poque, pour choisir une "vraie" date pour dater sa lettre Les cartes postales d'Ă©poques Les lignes pour Ă©crire sa lettre avec une Ă©criture horizontale et prĂ©sentant correctement sa lettre En ce centiĂšme anniversaire de l’armistice de 1918, le thĂšme de la PremiĂšre Guerre mondiale semblait incontournable. J’ai choisi de l’aborder en reproduisant ci-dessous la lettre d’un poilu, le soldat Charles Guinant. RĂ©guliĂšrement, je la donne Ă  lire Ă  mes jeunes Ă©lĂšves mexicains avec celle du rĂ©sistant Guy MĂŽquet, rendue cĂ©lĂšbre par Sarkozy, quand je veux les sortir de leur apathie. L’effet est garanti et il arrive mĂȘme qu’ils versent une larme. Vue d’ici, la guerre de 14-18 semble Ă  des annĂ©es-lumiĂšre, un page d’histoire lointaine et mal connue. Les Ă©tudiants prennent souvent ce rĂ©cit cru et sans ambages comme une gifle. La derniĂšre lettre du soldat Charles Guinant Verdun, Le 18 mars 1916, Ma chĂ©rie, Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S’il te plaĂźt, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m’a coĂ»tĂ© mon pied gauche et ma blessure s’est infectĂ©e. Les mĂ©decins disent qu’il ne me reste que quelques jours Ă  vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  mort. Je vais te raconter comment j’ai Ă©tĂ© blessĂ©. Il y a trois jours, nos gĂ©nĂ©raux nous ont ordonnĂ© d’attaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile. Au dĂ©but, nous Ă©tions vingt mille. AprĂšs avoir passĂ© les barbelĂ©s, nous n’étions plus que quinze mille environ. C’est Ă  ce moment-lĂ  que je fus touchĂ©. Un obus tomba pas trĂšs loin de moi et un morceau m’arracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me rĂ©veillai qu’un jour plus tard, dans une tente d’infirmerie. Plus tard, j’appris que parmi les vingt mille soldats qui Ă©taient partis Ă  l’assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grĂące Ă  un repli demandĂ© par le GĂ©nĂ©ral PĂ©tain. Dans ta derniĂšre lettre, tu m’as dit que tu Ă©tais enceinte depuis ma permission d’il y a deux mois. Quand notre enfant naĂźtra, tu lui diras que son pĂšre est mort en hĂ©ros pour la France. Et surtout, fais en sorte Ă  ce qu’il n’aille jamais dans l’armĂ©e pour qu’il ne meure pas bĂȘtement comme moi. Je t’aime, j’espĂšre qu’on se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu m’as fait passer, je t’aimerai toujours. Adieu Soldat Charles Guinant L’imminence de la mort Ce qui me frappe le plus dans cette lettre est l’apparente sĂ©rĂ©nitĂ© avec laquelle le soldat Guinant raconte les Ă©vĂ©nements qui ont conduit Ă  sa blessure et le condamnent Ă  une mort imminente. Il sait qu’il n’a plus que quelques jours Ă  vivre et va droit au but, sans fioriture, pour faire ses adieux Ă  celle qu’il aime et Ă  son enfant Ă  naĂźtre. PrĂšs de deux annĂ©es de combats Ă©pouvantables marquĂ©s par des pertes humaines considĂ©rables expliquent sans doute le courage dont il fait preuve. Dans un tel contexte, la perspective de sa propre mort ne pouvait ĂȘtre repoussĂ©e dans un coin de sa conscience. J’en profite pour reproduire ci-dessus une photo qui figurait dans l’un de mes livres d’histoire et qui illustre bien l’horreur de la guerre. Elle m’a toujours fascinĂ©. L’objectif a figĂ© le moment prĂ©cis, durant l’assaut, oĂč un fantassin français est stoppĂ© net dans son Ă©lan par un projectile. Peut-ĂȘtre l’instant exact entre vie et trĂ©pas. En arriĂšre-plan de ce dĂ©cor apocalyptique, d’autres soldats courent entre les balles pour sauver leur peau qui ne vaut plus trĂšs cher. L’inĂ©luctabilitĂ© de la mort Pour nous qui vivons en temps de paix et dans un environnement relativement sĂ»r, la mort est loin d’ĂȘtre aussi omniprĂ©sente que dans les tranchĂ©es de 1914-1918. Il est plus facile d’oublier qu’elle nous attend au tournant et c’est ce que l’on s’efforce de faire gĂ©nĂ©ralement. Et pourtant, nous sommes tous en train de mourir. Chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de notre dernier souffle, quel que soit le temps qui nous en sĂ©pare. Si la mort n’est pas forcĂ©ment imminente, elle n’en est pas moins inĂ©luctable. Dans le cadre de la pratique bouddhiste, nous sommes invitĂ©s Ă  faire face Ă  la perspective de notre propre mort. Pas par masochisme, mais parce que la prise de conscience du caractĂšre Ă©phĂ©mĂšre de la vie peut nous aider Ă  l’orienter de façon plus bĂ©nĂ©fique. Vivre mieux pour mourir mieux, en quelque sorte. Puisse le soldat Charles Guinant avoir vĂ©cu ses derniers instants sereinement. FrĂ©dĂ©ric PS Si le thĂšme de la PremiĂšre Guerre mondiale vous intĂ©resse, je vous recommande de consulter les carnets de guerre de FrĂ©dĂ©ric B. mon alter ego ? que des Ă©lĂšves du LycĂ©e ClĂ©mence Royer de Fonsorbes ont retranscrits sous forme de blog. Une belle initiative qui permet de redonner vie Ă  ce jeune homme parti au front Ă  18 ans.

lettre d un poilu Ă  sa femme